Une galerie sur les bords de Seine, dans un emplacement qui jouxte le cours de la Seine qui s’écoule calme et tranquille, la Galerie Art Forum, 3 quai de la Tournelle dans le cinquième arrondissement de Paris, est partie à l’autre bout de la Capitale pour conquérir une clientèle dans le royaume des Tours de la Défense, en zone 6, dans les salles de l’Hôtel Sofitel Grande Arche et la Tour Areva.

Pour ce faire il lui fallait un artiste qui soit si possible peintre et sculpteur et dont les œuvres supportent le gigantisme des nouveaux lieux où l’art pictural et sculptural va venir agrémenter une architecture tournée vers le modernisme, sans fioritures et où tout est conçu pour un usage pratique autant qu’intensif.

Stefan Ramniceanu né en 1954, par son talent à la fois fort et raffiné, et qui impose un décor dont la taille rivalise avec celle des grandes surfaces, ne pouvait que correspondre à ces exigences.

Si l’on regarde bien le cheminement de l’œuvre de Stefan Ramniceanu, elle suit le chemin dans lequel réside la pensée humaine et la prolongation des mémoires oubliées. Peintre et sculpteur, mi-figuratif, mi-abstrait, son abstraction dissimule la conservation des souvenirs enfouis dans les symboles que l’Artiste a inventés.

Lorsqu’il nous présente une colonne carrée aux surfaces parcourues de hiéroglyphes, ceux-ci sont tels les reflets des rides du temps sur le visage. Mais la matière même qui lui sert de support est plus significative, puisqu’elle est un amalgame de papiers compressés, autrefois livres ou revues, et peints, qui furent dans leur vie antérieure, un des supports écrits les plus actifs du relais de la pensée, comme également de l’aventure humaine. De cette expérience ces compressions, ces pages, sortent grandies par leur irruption posthume dans l’Art. Elles sont devenues Art et rayonnent par une lecture directe de leurs volumes et de leurs formes que l’Artiste a habillés de vêtements d’or, de noir et de couleurs.

Pour ses panneaux peints, si Stefan Ramniceanu utilise d’autres formes encore plus grandioses et plus rayonnantes, leur rattachement à l’homme est probant. Silhouettes de visages dans lesquels sont incrustés d’autres symboles, que sont de vieux grimoires, déjà chargés de tous les savoirs des ans, avec leur pérennité dans le présent, puisqu’on y retrouve même les traces des imprimés informatiques.

Alors, qui est Stefan Ramniceanu, que nous montre-t-il ?

Stefan Ramniceanu est un coordinateur auprès duquel se cristallisent les différents savoirs pour enfanter ce qui ne se conçoit que dans l’esprit de l’homme : l’Art.

Il se sert des briques de l’esprit comme d’une matière pour que, passées par l’alambic de sa sensibilité, les formes et les couleurs qui en résultent délivrent une sensation intérieure de bienfait.

Stefan Ramniceanu, crée un germe qui se nourrit de sa propre enveloppe, pour grandir et déverser dans son environnement sa propre ambiance.

Parfois grandiose, d’autres fois plus intime, l’Art s’évade et se libère tandis que des panneaux entiers que parcouraient des formes étranges vont faire naître des harmonies jusque là inconnues.

L’Art se rapproche de la création, de la grande création qu’absorbent des matériaux nouveaux. De matière inerte qu’ils sont, l’Art leur donne la vie et leur offre un passeport pour participer à l’Aventure du Monde.

Toutes les couleurs, toutes les formes vont venir vivre une existence vouée à la sensation du Visuel pour pouvoir, par elle, créer l’émotion, transmettre en dehors de tous les langages jusqu’ici fruits de la division humaine, et trouver l’expression universelle, l’Art, l’Art Pur.

Cependant ce qui est surprenant chez Stefan Ramniceanu, c’est l’usage qu’il fait des notes de couleur dont les formes prennent dans l’espace, les dimensions des notes de musique. Ses accords sont composés comme le dialogue d’un concerto dont les instruments se répondent. Tantôt musique de chambre, rarement orchestrations, trop bruyantes pour sa pensée, Stefan Ramniceanu joue des jeux visuels sur lesquels les rayons de lumière viennent faire vibrer les cordes de leurs violons.